Pénurie de main d’œuvre : est-ce vraiment facile de trouver du travail au Québec ?

Nombreux sont les participants que j’accompagne en recherche d’emploi qui me disent « je pensais que c’était plus facile de trouver un travail à Montréal ! ». En effet, en arrivant au Québec, et plus particulièrement à Montréal, un bon nombre de personnes nous disent avant notre immigration : « tu vas voir tu vas trouver super vite du travail, c’est vraiment facile! ».

En cause dans ce discours populaire : la pénurie de main d’œuvre, relayée à l’internationale.

1. La pénurie de main d’œuvre.

« Employé recherché » « On recrute ! » ; la pénurie de main d’œuvre ou aussi appelée « rareté de main d’œuvre » est un vrai phénomène au Québec.

En cause, plusieurs facteurs ; démographiques : le vieillissement de la population, avec une baisse des natalités. Mais aussi, concernant le marché de l’emploi : pour 100 postes occupées, 6 sont vacants1, et le taux de chômage était à 3.9% en avril 2022 ; taux le plus bas depuis des années. Enfin, la crise sanitaire et donc, la fermeture des frontières et le peu d’immigration impacte forcément ces chiffres.

Certains métiers, secteurs sont évidemment plus touchés que d’autres : la construction, la santé, l’hébergement et la restauration, les transports et la machinerie, mais aussi la vente et les services.

Néanmoins, les experts aiment davantage parler de rareté de main d’œuvre qui se caractérise par une grande difficulté de la part des employeurs à recruter, mais surtout retenir les candidats. La pénurie concernerait une profession et où une région, et notamment de manière temporaire. 2.

Les solutions proposées sont multiples : la requalification, la formation, mais davantage l’immigration ! En mars 2023, le premier ministre du Québec, François Legault, annonçait d’ailleurs l’investissement de 615 millions de dollars pour faire face à cette pénurie, notamment avec des programmes d’intégration pour les immigrants, mais aussi la formation et l’innovation des entreprises. Le gouvernement prévoit d’ailleurs que d'ici à 2030, il y aura 1,4 million de postes à pourvoir dans la région du Québec.

Si cette pénurie ou rareté de main d’œuvre est largement diffusée, mais aussi entendu avant, pendant et après un processus d’immigration, ce n’est pourtant pas si évident en tant que nouvel arrivant de trouver du travail.

2. La réalité

Nombreuses sont les personnes que j’ai rencontrées dans mon métier en tant que conseillère à l’emploi, qui m’ont dit qu’elles pensaient que ça allait être plus simple, où que cela prend trop de temps selon eux de trouver leur premier travail !

En effet, étant donné que tous les discours s’alignent sur le fait qu’il n’y a pas assez de travailleurs comparés aux emplois disponibles, tout le monde pense qu’en appliquant à quelques annonces, l’employeur va nous convoquer en entrevue et on aura un travail !

La réalité est autrement malheureusement : entre l’équivalence des diplômes demandée pour certains métiers, les ordres ou cartes professionnelles, ou encore le bilinguisme, certains candidats mettent plusieurs mois avant de trouver leur emploi tant convoité.

Certains secteurs ont d’ailleurs beaucoup de concurrences : la communication et le marketing par exemple. On estime d’ailleurs à 75% la proportion d’immigrants qui ont choisi de s’installer à Montréal 3, le marché y est donc beaucoup plus concurrentiel qu’en région, où se trouvent 68% des postes vacants. Il va donc falloir se démarquer !

C’est l’adaptation au marché du travail québécois qui va être nécessaire ; trouver l’intitulé exact de son métier, adapter son expérience, viser un travail plus bas que ses compétences. Mais surtout ; trouver cette fameuse première expérience québécoise, qui va nous permettre d’inscrire Montréal sur notre CV, et par la suite, développer notre réseau professionnel.

3. Pourquoi développer mon réseau professionnel ?

Un des avantages attribués au marché du travail au Québec, c’est qu’il est dynamique, flexible et ouvert. Certains pays demanderont des diplômes précis, des années d’expériences etc.. Au Québec, l’employeur accorde dans une majorité des cas une confiance à son employé, et se base parfois sur son savoir être avant ses diplômes. Il est donc vrai que les employeurs sont plus accessibles que dans certains pays.

Cependant, on dit que 80% du marché du travail au Québec est « caché ». Imaginons un iceberg, le haut représente les sites d’offres d’emplois ; Indeed, LinkedIn, etc.. le bas, représente tout ce marché caché, qui n’est effectivement pas facile à aborder lorsqu’on est nouvel arrivant.

Une des principales raisons de ce marché caché, c’est que 70% des entreprises sont des PME (Petite et moyenne entreprises)4, ce que l’on n’imagine pas forcément vu la grandeur de la ville. En effet, même si Montréal est une grande ville, avec un marché de l’emploi dynamique, peu de sièges sociaux de grandes entreprises s’y trouvent !

Ce qu’il faut savoir, lorsqu’on perd un salarié, ce n’est pas si simple de le remplacer, surtout quand on est une petite entreprise avec peu de moyens ! Publier une offre sur certains sites peut s’avérer très cher, et même les sites gratuits comme Indeed demande à payer pour remonter l’annonce. Ajoutez à ça le tri des candidatures, la rédaction de l’annonce... bref, ce n’est pas pour rien que le métier de recruteur/rh existe ! Entre manque de temps et d’argent, beaucoup d’entreprises ne vont pas avoir ce premier réflexe d’aller publier une annonce.

C’est pourquoi il ne faut pas se contenter de répondre à des annonces sur Indeed, mais plutôt, d’aller à la rencontre des employeurs ! Mais alors, comment développer son réseau professionnel lorsqu’on est nouvel arrivant ? En tant que conseillère en emploi, je dirais que mon travail d’accompagnement repose principalement sur cet apprentissage à réseauter.

En conclusion, la pénurie de main d’œuvre est bien présente au Québec, de nombreuses entreprises ferment par manque d’employés. On pense donc qu’on va appliquer à une ou deux offres et qu’on sera rappelés. La réalité est en effet différente, la concurrence est présente et réelle, le bilinguisme demandé, et nos diplômes doivent parfois être évalués. Ajoutez à tout cela, des petites entreprises n’ayant pas forcément les moyens de communiquer sur leurs postes, et un manque de réseau en tant que nouvel arrivant, et c’est la désillusion.

Bien heureusement, le marché du Québec reste un marché dynamique. De nombreuses opportunités sont présentes, et les employeurs sont encore à la recherche de main d’œuvre. Ce n’est donc pas votre candidature ou votre profil qui n’est pas attractif, mais bien la manière dont vous le communiquez ! N’hésitez pas à aller à la rencontre des entreprises directement (et surtout les petites !), mais aussi à candidater sans offres publiées, mais surtout, à développer votre réseau professionnel de toutes les manières possibles. Et puis, si vraiment cette recherche reste compliquée, il restera toujours des conseillers en emploi pour vous accompagner.

Josefine Simper, conseillère en emploi.

1 https://www.ledevoir.com/interactif/2022-08-23/penurie-maindoeuvre/index.html#:~:text=Le%20vieillissement%20de%20la%20population,sur%20le%20march%C3%A9%20du%20travail.

2 https://www.ledevoir.com/economie/786967/emploi-le-probleme-de-la-main-d-oeuvre-hante-de-plus-en-plus-quebec

3 https://www.lapresse.ca/affaires/economie/2023-03-06/penurie-de-main-d-oeuvre/le-quebec-a-besoin-de-90-000-immigrants-de-plus-d-ici-2025-dit-la-fcei.php

4 https://oeildurecruteur.ca/marche-cache-emploi/

Article publié le .
8/9/2023
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